Picasso. Juste son nom suffit à évoquer des visages éclatés, des formes impossibles, des couleurs qui explosent dans tous les sens. Mais avant d’être un style, un mouvement, une légende, Picasso était un homme. Un regard intense, un crâne marqué par le temps, une présence qu’on devine autoritaire et malicieuse à la fois.

Alors forcément, le caricaturer, c’était tentant. Mais aussi un peu intimidant.

Parce qu’on pourrait croire qu’avec lui, tout est permis. Que sa propre logique invite à le déformer encore plus, à le reconstruire façon cubiste, à jouer avec ce qu’il a lui-même déconstruit. Mais ça aurait été trop facile. Trop évident. Et surtout, ça ne collait pas à l’image que j’ai de lui.

Par où commencer ?

D’habitude, quand je caricature quelqu’un, je cherche le détail qui saute aux yeux, celui qu’on peut amplifier pour que tout le monde reconnaisse immédiatement la personne.

Mais avec Picasso, ce n’était pas une question de détail. C’était un ensemble.

  • Son regard perçant, toujours un peu dur, comme s’il vous jugeait en silence.
  • Ses rides bien marquées, qui racontent plus d’histoires que n’importe quelle biographie.
  • Son crâne légèrement dégarni, mais qui lui donne un air de vieil artiste encore prêt à en découdre avec le monde.

J’ai commencé par un crayonné classique, en cherchant avant tout à capter cette intensité, ce mélange entre le penseur et l’homme d’action. Parce que oui, Picasso n’était pas qu’un contemplatif, c’était aussi un fonceur, quelqu’un qui n’attendait pas l’inspiration mais qui la provoquait.

Une caricature qui joue avec le temps

Là où j’ai vraiment réfléchi, c’est sur l’ambiance. Parce que je ne voulais pas juste faire un dessin, je voulais que l’image raconte quelque chose.

J’ai choisi un style digital façon aquarelle, parce qu’il apporte une texture, une matière, quelque chose de plus organique qu’un simple trait net et figé. Une caricature qui donne l’impression d’être un peu hors du temps.

Et pour accentuer ça, j’ai opté pour des teintes désaturées, presque vieillies, qui rappellent les vieilles photos d’artistes en noir et blanc. L’idée, ce n’était pas juste de dessiner Picasso, mais de créer une image qu’on pourrait croire sortie d’une époque révolue.

Le résultat ?

Un Picasso reconnaissable sans exagération excessive. Parce qu’il n’en avait pas besoin. Il avait déjà un visage qui racontait une histoire, un visage qu’on n’a pas besoin de tordre pour qu’il marque les esprits.

Et en finissant cette caricature, je me suis demandé : et si c’était lui qui l’avait dessinée, comment l’aurait-il modifiée ? Je crois que je préfère ne pas savoir.